Quelque chose qui palpite dans l’œil et, une nouvelle fois, cette sensation d’une distance d’avec le monde, devenu plus lâche, plus cotonneux, mais plus acéré quand mon corps, devenu brusquement flasque, le rencontre. Le souffle en panique, je n’ai pas moi-même peur, mais de la fatigue à chavirer, les yeux grand ouverts.
La drôle d’impression que de ne pouvoir le dire, le cœur au bord des lèvres, c’est l’arasement qui vainc, sciant mes jambes coupant mon souffle ouvrant mes mains lâchant tout, les objets et moi-même. On a beau savoir, l’épuisement qui tient et qui revient sape la lucide ironie, dégage la rationalité. Quelques mots gardent du sens, manger à heure fixe, déplacer sa carcasse, se voir pâle dans le miroir – le moins possible.
Rarement j’ai pu me sentir autant corps, un corps suant et frissonnant, sans grippe, un corps à déposer pour attente – que les sensations cessent de m’entraver, se débattent et jouent des échelles, un ongle heurté plus important que l’univers, mais le sens des mots qui m’échappe. Ça aurait dû passer, ça ne passe pas.