Écoutez, mes chères sœurs, des sanglots qui remontent
La longue litanie des mortes de faim, des mortes de travail,
Des mortes d’amour
et parmi elles toutes leurs noms
Comme en moi gravés, les lettres de leurs douleurs
Les sanglots tus les cris poussés
Les flammes de leurs désirs, et celles qui les ont emportées.
Écoutez, mes chères sœurs
Les toutes de mon cœur
Celles qui sont parties, cendres des bûchers,
Celles dont nous rallumerons les espoirs, ensevelies dans leurs cuisines,
Écoutez mes chères sœurs, les cris d’agonie
les cris de fureur
Que poussent les mortes de l’histoire,
Les enterrées des chambres, les emmurées vivantes
Je veux dire vos noms, je porte vos douleurs
Écoutez mes sœurs ce quelque chose qui monte
Ces furies qui grondent leurs mots qui tonnent
Écoutez les furies psychopompes,
qui rappellent les vengeances frustrées, les crimes oubliés
Entendez leurs pleurs, écoutez leurs rages
venez mes sœurs
Pour le grand brasier.