Le bruit la réveilla. C’était un vacarme fou, de sifflements et tout en tremblements – le monde lui semblait vibrer. Elle craignit que l’air arracha les vitres par sa force, qu’elle avait pourtant protégées de vieux cartons et de planches, priant comme à chaque avis pour que tout tienne. Ils se réveillèrent, inquiets mais déjà grands: ils firent le tour avec elle.
Les murs leur semblaient vaciller. En haut, tout était plus fort, et les vents de toute façon plus violents. Elle eut, un instant, là sensation que le sol se dérobait à ses pieds, mais la pensée que le plafond les écraserait d’abord fut étrangement rassurante. Elle songeait aux containers, là haut, sur le toit, en se demandant s’ils tiendraient le choc, eux aussi, et se retenait d’aller vérifier, par peur d’être emportée ou noyée.
Le calme soudain ne les rassura pas: ils savaient que la suite se préparait, comme on reprend son souffle avant de gravir de nouvelles marches. Ils attendirent, quelques minutes, que la tempête revienne – c’était le prix à payer avant son véritable départ.
Elle revint. Ce fut un déchaînement. La tour entière mugissait, hurlante entre entre les vents, et des craquements les déchaînèrent à leur tour. Ils barrissaient comme des âmes en sursis, comme pleurent les purgatoires et les épreuves répétées. Ils crièrent ensemble aussi de ce qu’ils se terraient chaque jour que le monde leur imposait, et d’espérer toujours un allègement de leurs peurs.
La tempête se calme; ils criaient encore, et n’entendirent plus que leurs cris.
Maman ? On est vivants ?