Renan, visionnaire d’Internet

À mon grand désarroi, il n’existe aucun film ayant enregistré la silhouette de Renan, et pour cause: il est mort trois ans avant l’invention du cinématographe. Il existe – mais plus en ligne – un petit enregistrement d’une soirée chez Gustave Eiffel, où l’on a la voix de Renan – du moins, la voix déformée par un enregistrement encore expérimental, vieux de cent cinquante ans. Je ne peux pourtant m’empêcher de me demander ce que Renan penserait du monde d’aujourd’hui et, surtout, d’Internet. Lire la suite

Une féministe chez les Renaniens

Quand j’ai débuté ma thèse, j’étais déjà féministe convaincue depuis plusieurs années – les choses ont été lentes, de la lecture du Deuxième Sexe à quatorze ans, sans bien comprendre les implications politiques que le livre de Beauvoir pouvait avoir dans ma vie, à la lecture assidue de blogs à la fin de ma licence et pendant mes années de Master et, surtout, d’agrégation. Je pense avoir passé, depuis la découverte de la blogosphère, entre une heure et quatre heures quotidiennes à la lecture de textes féministes, en ligne ou sur papier. Ces lectures compulsives font que j’ai une vision plutôt intellectuelle du féminisme: je m’intéresse de plus en plus à l’histoire du féminisme, à ses différents courants comme, plus généralement, à l’histoire des femmes.

Il peut donc être surprenant de me voir, avec une telle implication politique et intellectuelle, choisir une voie doctorale si peu féministe: Ernest Renan, certes penseur de la nation et chantre de la Troisième République, mais aussi (j’y reviendrai) parfait représentant d’une certaine misogynie très XIXe siècle, et toujours présente. Il n’a jamais écrit de traité sur les femmes, il n’a pas, comme Hugo, milité pour elles, et un examen plus avancé montre qu’il a même pu s’approprier le travail des femmes de son entourage, comme sa sœur, Henriette Renan, ou sa femme Cornélie. J’ai même sciemment choisi une thèse qui ne soit ni féministe, ni inscrite dans les gender studies.  Lire la suite

Comment Renanus avec sa langue couvrit tout plein de damnés, et ce que l’autrice vit dedans sa bouche

Ainsi que Renanus avecques toute sa bande entrerent es terres des Rapsodes, tout le monde en estoit joyeux, et incontinent se rendirent a luy, et de leur franc vouloir luy apporterent les clefz de tous textes qu’il vouloit explorer, exceptez les Cabalistiques, pource qu’ils voulurent tenir contre luy, et feirent responce a ses heraulx qu’ils ne se renderoyent: sinon a bonnes enseignes.

Quoy, dict Renanus, en demandent ilz meilleures que la main au pot, et le verre au poing? Allons, et qu’on me les mette a sac. Adonc tous se mirent en ordre comme deliberez de donner l’assault. Lire la suite

Jablonka, entre Bellemare et Renan

Il m’a enfin été possible, certes tardivement, de lire l’ouvrage Laëtitia, d’Ivan Jablonka. Le livre se place au croisement de plusieurs domaines : il traite d’un fait divers médiatisé à l’échelle nationale, il est écrit par un historien professionnel et il a obtenu le prix Médicis, non pas dans la catégorie essai, mais en tant qu’ouvrage littéraire. De quoi ouvrir des polémiques, si ce n’est un vaste champ de réflexions. Lire la suite