Je suis une intellectuelle, et c’est très bien comme ça

Je suis maintenant doctorante depuis deux années bien remplies. Les années de doctorat ne sont pas seulement difficiles, propices au burn-out et inconfortables pour des post-masters pas encore professionnel•le.s, mais plus vraiment étudiant•e•s, elles sont encore régulièrement stigmatisées par un entourage peu compréhensif, et rapidement incisif. Il ne s’agit pas ici d’égrener une litanie de plaintes et de râleries, mais de voir comment une stigmatisation institutionnelle des intellectuel•le•s se manifeste violemment dans le quotidien de jeunes chercheurs et chercheuses, contribue à les isoler de leurs proches, quand les principes de la recherche scientifique et intellectuelle ne sont pas compris ni, malheureusement, acceptés. Les années du doctorat sont les plus propices à comprendre la montée de cette stigmatisation : si les années de Masters sont déjà, le plus souvent, une initiation à la recherche, la multiplication des Masters pros, dont des Masters MEEF exigés pour la formation des enseignant•e•s rendent visiblement l’obtention d’un bac + 5 plus acceptable pour la majorité des gens. L’entrée en doctorat, elle, par la précarité des métiers de la recherche, l’incompréhension des sujets, voire des disciplines choisies, l’inutilité supposée de la recherche fondamentale, surtout en sciences humaines, est régulièrement critiquée par tout le monde, parodiée, caricaturée, et simplement dénigrée. Je partirai donc de quelques attitudes hostiles, pénibles et difficiles à entendre quand elles proviennent de gens que l’on aime. Lire la suite