Lynch et les images

On m’a récemment confronté à ce qui pourrait s’apparenter à un paradoxe: comment pouvais-je m’intéresser et aimer le cinéma de David Lynch, alors que je suis, dans le même temps, plutôt allergique aux métaphores ? La chose est rapidement réglée: je ne suis réticente aux métaphores que dans le cadre d’un discours scientifique, car celles-ci me paraissent peu propices à la clarté requise pour pouvoir transmettre une information et une méthodologie à un public – et elles me paraissent au contraire encourager la proportion à l’autoanalyse, par l’étude des métaphores que nous pouvons nous-mêmes proposer en guise d’interprétation. Reste cependant une question: y aurait-il quelque chose de l’ordre d’une pensée métaphorique chez Lynch ? Je ne le crois pas, mais je peux m’en expliquer. Lire la suite

Quelques mots de Jetée

L’exposition consacrée à Chris Marker, qui suit une rétrospective que j’ai idiotement ratée, m’a offert un nouveau visionnage de son ciné-roman, considéré comme un film de science-fiction. L’expérience était d’autant plus émouvante qu’elle a pris place au sein d’une scénographie magnifique, autour de très nombreux objets personnels de Chris Marker, issu du fonds légué à la Cinémathèque. Lire la suite

L’air et les métaphores

D’un peu d’air par la fenêtre, et de vieilles réflexions qui se ramènent, comme les idées entrant dans la chambre de Dario Argento quand, au petit matin, il ouvre les croisées dans une ville italienne. C’est le moment où je me demande si j’ai une âme, et où elle peut bien être – celui où le corps des statues semble frémir, et les métaphores s’agiter. Lire la suite

Et en moi bien des abîmes

C’est de plus en plus souvent que la vieille bête reste tapie, apprivoisée dans l’ombre. Elle revient pourtant de temps à autre, en une transformation sauvage, bestiale: je deviens l’autre moi-même. En moi sont des abîmes, où elle se cache avant de surgir, quand le tombeau se découvre ouvert: c’est là qu’elle sort et qu’elle rampe, à l’extérieur, me retournant comme un gant. Lire la suite

Des lunettes noires à la supérette

C’était cet après-midi, un saut rapide dans un casino sans tapis rouge ni vert, juste de quoi récupérer ce qu’il me faut pour survivre en pâtes, madeleines et jus d’ananas. Le départ sous une pluie menaçante, mais repoussée par quelques augures joueurs, ne s’était pas trop mal déroulé: l’ascenseur, après ces deux mois de grève, était reparti cahin-caha, je n’avais pas oublié la poubelle ni ma carte de fidélité.

Lors d’un moment de perplexité étrange – que sont ces appareils ? des épilateurs, forme réinventée pour un patriarcat renouvelé – que j’entendis grommeler, grogner, râler dans mon dos – quelque chose comme l’annonce d’une scène de cannibalisme, ou l’annonce d’une résiliation de forfait téléphonique. Lire la suite