Des crush et des crash.

C’est pas si mal, qu’il y ait pas Papa, pour faire semblant de pas pleurer les garçons, se dit S., avec un petit sourire rompant deux larmes noyées de résidus de mascara. Pas qu’elle aurait voulu encore pleurer, mais y a l’amour, et y a la dignité, et elle s’agitait encore pour retrouver de petits bouts d’elle-même, et restaurer une dignité quelque peu éclatée.

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Bonne fête, Papa.

Ça n’a jamais été trop ton truc, les déclarations et les flonflons du bal, les trémolos et l’arrêt des blagues – alors, même l’an dernier, c’était réglé avec un coup de fil, à faire les idiots dans le combiné, « Boggggne fêête Papa », « Merciiiiii », tout en nasales et en visages grimaçants, parce que ces choses-là, que tu sois notre Père et nous tes Enfants, fallait pas non plus trop le dire, au moins quand on était là, ni prendre ça trop au sérieux, toutes ces affaires de famille, et que cela noue des liens, parfois serrés à en étouffer.

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Résurrection.

Papa est venu, dans mon rêve et chez les grands-parents, et on était tous plus jeunes, et lui aussi – au bout d’un moment, Maman m’a dit: « mais regarde-le, va le voir, tu sais bien qu’il est mort ».

Il y avait plein de bazar dans le salon de Papy et Mamie, et le vieux tapis d’avant, et moi par terre, à jouer comme je le faisais quand j’étais une petite fille. Et Papa, à un moment s’est allongé sur le canapé, et je me suis blottie contre lui, et j’ai à nouveau senti l’odeur de Papa.

On était tous contents, parce que Papa était venu pour nous filer un coup de main, même s’il était mort, et que c’était bien gentil, il s’est retrouvé à ranger avec nous des legos et des classeurs de fiches documentaires, comme celles des éditions Atlas (j’adorais celle des animaux), mais, parce que j’étais petite dans ce rêve, c’était encore difficile de faire circuler les fiches dans les anneaux pas tout à fait ronds, et Papa s’est assis derrière moi, et il m’a aidée à passer les fiches plastifiées une à une, en suivant le parcours des anneaux et en refermant, en même temps que moi, le classeur en carton.

Et c’est bizarre, je pleurais déjà dans ce rêve, parce que je voyais Papa, et qu’on savait tous qu’il était mort – il avait même son vieux manteau, comme neuf, alors qu’on était dans la maison.