Et la grand-mère, bouche bée devant l’écran – on arrive à peine, juste assis dans le canapé, elle vient de me sortir des photos, des retirages des anciennes, derrière lesquelles elle a griffonné quelques mots derrière pour qu’on sache un jour qui c’est – si on arrive à la relire. Sur l’écran, c’est son père, mort quand elle avait six ans, avec l’étrangeté d’un roman de Philip K. Dick, et cette impression, grâce à ce logiciel mis en ligne pour la promotion généalogique, pratique dont je me méfie toujours un peu, d’un mort revenu à la demande, pour dix-sept secondes qu’on peut faire jouer à volonté.
Je n’ai pas fait – pas encore – moi-même cette expérience singulière de voir s’animer la photographie d’une personne disparue, et que j’avais connue. Je vois cependant en regardant ma grand-mère quelle étrangeté se trouve là, dans la larme au coin de son œil, et qu’elle me dit: il ressemble à ton père.