Je vous parle encore ce soir, mes sœurs, que je sais
Dissociées,
De vous-mêmes séparées.
Je vais essayer, mes sœurs,
Lire la suiteJe vous parle encore ce soir, mes sœurs, que je sais
Dissociées,
De vous-mêmes séparées.
Je vais essayer, mes sœurs,
Lire la suiteL. tressaillit. Elle avait déjà entendu ce reproche qu’M. venait de lui adresser – elle prenait trop de place, et il lui avait ajouté que, même avec ses copines c’était bien elle qu’on entendait, trop haut, trop fort, trop de place. L. en resta interdite, à attendre de voir ce qu’il allait ajouter – et c’était bien dommage, à un homme, elle ne l’aurait pas pardonné.
Lire la suiteL. ne pensait plus aux chouettes. Elle repensait à M., et à la décision qu’L. avait prise, ce soir-là, de ne plus pardonner – et de la colère de M., réclamant son indulgence comme un dû qu’elle ne saurait pas lui refuser, dérouté par son intransigeance, d’abord pour une affaire de peu d’importance, ces miettes qui s’éparpillaient toujours sur la table, dans la cuisine qui devenait son bureau, une fois qu’elle l’avait rangée et nettoyée.
Lire la suiteEt de la pluie qui tombe,
le brasier qui s’éteint
Et les cendres encore dans le vent
Le feu couve sous le tendre.
Et des brèches béantes
des hurlantes qui s’écharpent
Et je dis les noms
Des femmes oubliées, des sacrifiées du plaisir,
Des petites filles pleurantes dans leurs chambres
Mais je l’aime mon papa, qu’elles me disent,
Et je dis leurs noms, leurs voix dans ma gorge
Leurs poésies tues, les espoirs rejetés,
D’un corps qui se fend
De mes brèches je les appelle
Par leurs noms
Maëva, Chloé, Alice, Julia, Monique, Valérie, Virginia, Julie,
Laura, Kate, Typhaine, Eva, Juliette, Hélène, Christine,
Et j’espère me faisant tournante
les voir revenir et remonter et se soulever
et hanter dans le monde qu’elles ont désertées
Je me fais champ de batailles
les appelant les éveillant
Mes fureurs mes sœurs mes furies
Mes enfances éventrées
Les copines qui se taisaient
C’est de vos douleurs que je suis possédée.