Il s’est penché vers moi, cette nuit, et m’a enrobée de son regard. Muette, partiellement sous les draps, j’ai suspendu, un instant, ma respiration, avant de la reprendre – pourvu qu’il ne comprenne pas. Lire la suite
Mois : août 2019
Cantations, la suite
Un gouffre en moi se creuse: j’y verse mes larmes de torrent, la peine de mes nuits, les chagrins de mes jours. En moi, il fige des rigoles, ravine des espoirs – trou sans fond auquel je refuse de donner un nom. Lire la suite
G.P.S.
Le levier de vitesse enclenché, l’accélérateur enfoncé: la route défilait sous ses roues, le paysage par les vitres. Deux heures, d’après ses habitudes, comme d’après le GPS; il sentait, de temps à autre, un nid-de-poule creuser le bitume et, par contre-coup, rehausser la voiture en petits rebonds. Lire la suite
Coucou les filles
L. ferma la porte de la cuisine, ni trop fort, ni trop doucement : il fallait que le geste reste parfaitement normal. Elle ouvrit l’ordinateur, retrouva dans ses onglets celui qu’elle avait gardé de côté, et dont l’URL s’était ouverte après l’avoir flashé, assise sur le banc de l’arrêt du bus, un sticker qui l’avait intriguée. Lire la suite
Disparitions, encore
Les portraits de femmes qui défilaient, égrenés au long de la journée, lui donnaient parfois l’impression de les connaître. Il n’avait plus l’habitude de voir tant de femmes, surtout depuis la disparition de L. ; il sortait peu, et les femmes moins encore. Les quelques indices que recelaient les quelques papiers étaient souvent maigres, quoiqu’accompagnés de photographies : les sourires en succession se répondaient, sans que les visages soient semblables, ni que des points communs se dégagent. Parfois, M. restait fixé sur un visage, en cherchant dans le dessin des traits une explication ou un lien qui, au-delà du manque qu’il sentait se creuser et s’éloigner en lui-même, le rattacherait encore à ce qu’était L. – et, parfois, de voir ces visages il en oubliait le sien. Lire la suite