Les friches de l’autodéfense

Dans Se défendre. Une philosophie de la violence (2017), Elsa Dorlin distingue la légitime défense (légitime, car étatique ou tolérée, voire encouragée par l’État) de l’auto-défense, celle des opprimé·es. En définissant l’auto-défense, elle aborde le cas de nombreux groupes et luttes à travers le monde et l’histoire, et achève son ouvrage sur le concept, qu’elle a elle-même forgé, de dirty care. J’ai pu regretter que le concept, hyper stimulant, ne prenne pas en compte la fiction dans laquelle vivent les femmes, et qui n’apparaît, presque qu’en passant, dans le concept de déréalisation. Lire la suite

Le dirty care, quelques mots

Dans Se défendre. Une philosophie de la violence (2017), Elsa Dorlin élabore et définit le dirty care comme l’attention négative portée par les dominé·es aux dominants, attention fondée par une stratégie d’autodéfense. Le concept permet de reprendre des réalités psychologiques, comme l’hypervigilance, mais il a l’avantage de les transformer en une épistémologie et en une éthique : le dirty care englobe l’hypervigilance pour conduire à une vision du monde et à un mode d’action – ou du moins de préparation à l’action. C’est une attention négative, car elle n’est pas un soin porté à autrui, mais une attention à autrui pour un soin à soi, ou du moins pour une préservation de soi. Lire la suite

Que la bise.

Ce n’est pas le roc que je me suis rejoué, c’est la voix, toujours un peu goguenarde, du grand-père quand, au téléphone, il souhaitait un bon anniversaire à sa « grande », toujours un peu plus, évidemment, chaque année. C’est un rituel annuel, et je les appelle moi-même, maintenant, mes grands-parents, avec les mêmes blagues – et tu n’as rien à me dire, aujourd’hui ? et je t’appelle demain ! à mon autre grand-père, dont l’anniversaire succède le mien d’un seul jour – et chaque année, la même blague, là juste pour qu’on en rigole, et parfois retombe un vieux récit, l’attente de mon père devant la salle de la césarienne où je suis née, mais aux forceps – je me doutais qu’il y avait embrouille. Lire la suite

Et comment

Et comment pourrais-je ne pas avoir envie de me répandre, quand le ciel tombe en nuit et en vertiges, et quand je ne sais ce que je veux, mais que je vois aux côtés de qui je voudrais dormir – et aimer à loisir

Et comment saurais-je ce que je veux, quand je sais ni qui je suis, ni comment je voudrais, une nouvelle fois, me réinventer

Pour t’aimer à loisir et dans le travail

De quelque chose à naître et qui n’a pas de nom, et qu’on inventera peut-être.

Un creux dans le lit singe ta présence, et ton souffle pèse comme une ombre

J’essaie de retenir mes mots – j’ai si peur que tu t’envoles.