Les contes de fées sont-ils écrits pour les fées ?

Une de mes étudiantes a, dans une copie, considéré que Le Rouge et le Noir était un roman populaire, puisqu’il mettait en scène un ouvrier, Julien Sorel. Malicieusement, je me suis plu à écrire en marge cette boutade: les contes de fées sont-ils écrits pour les fées?

La remarque, si elle se voulait taquine, mérite peut-être d’être interrogée. Elle renoue en effet avec des questions à la fois actuelles et traditionnelles, notamment la question de la représentation des minorités et de l’identification du lectorat avec le personnage. Lire la suite

Une histoire allemande.

Il y a quelques années, plus de dix, bientôt 15 – j’avais seize ans.

Il y a quelques années, j’étais en première, je finissais de passer mon bac de français, et je partais en Allemagne, pour suivre deux semaines d’université d’été – une chance, très élitiste, la Deutsche Schüler Akademie. Lire la suite

La réalité. C’est la peur allée. Avec le sommeil.

Les cris d’effroi et les étonnements devant les questions posées à Virginie Ettel, partie civile contre Georges Tron, par le président de la cour Régis Jorna, ont pu mener à des commentaires divers – ces questions étaient-elles déplacées, utiles, le ton convenable et adapté, la culotte bien placée, et tout cela ne serait-il pas, finalement, normal. Après tout, Georges Tron est un Monsieur si respectable ! Et il y aurait des confusions dans les dates.

Cette stupéfaction me laisse assez pantoise. Qui doute réellement du parcours scandaleux et humiliant des victimes de viol quand, par une série de miracles et d’acharnements, elles finissent par avoir le droit – le droit ne devrait-il pas être juste ? – de finir par témoigner aux assises ? Lire la suite

Je suis d’éther.

Quelque chose qui se balance et me ballote, à flots doux, à mots roux. Je regarde le plafond, plus si blanc, l’ombre de mon ombre dans la peinture acrylique.

Quelques chagrins qui vont et qui viennent, un autre reflux, même si je sais que la douleur se partage et nourrit les colères. J’en reste là, toujours allongée, toujours remuée, un vague à l’âme qui devient une idée que je ne veux pas parler; un mal à l’âme qu’il faut calibrer, dont il faut ressentir les contours anguleux, une peine qui ne passe pas. Lire la suite

Comment Renanus avec sa langue couvrit tout plein de damnés, et ce que l’autrice vit dedans sa bouche

Ainsi que Renanus avecques toute sa bande entrerent es terres des Rapsodes, tout le monde en estoit joyeux, et incontinent se rendirent a luy, et de leur franc vouloir luy apporterent les clefz de tous textes qu’il vouloit explorer, exceptez les Cabalistiques, pource qu’ils voulurent tenir contre luy, et feirent responce a ses heraulx qu’ils ne se renderoyent: sinon a bonnes enseignes.

Quoy, dict Renanus, en demandent ilz meilleures que la main au pot, et le verre au poing? Allons, et qu’on me les mette a sac. Adonc tous se mirent en ordre comme deliberez de donner l’assault. Lire la suite