Aux confins.

Et on se surprend à rêver, parfois, de ce à quoi ressemblera la fin du confinement. L’étrange angoisse qui nous saisira quand nous pourrons ressortir, après avoir laissé nos rues à la police et à l’armée, à l’air qui nous semblera soudain plus froid, à la distance qui se sera installée avec ceux et celles que nous embrassions sans crainte. Lire la suite

D’une crise l’autre

Il paraît que nous sommes en guerre, non, en crise, et en crise sanitaire. Une fois que l’on a mis de côté l’imaginaire de la guerre, qui ne fonctionne pas, mais qui est bien pratique pour accentuer la répression, il est temps de se pencher sur ce qui fait, justement, une crise.

Alors c’est quoi, une crise ? Lire la suite

De la société du contrat

Il est courant d’entendre que les féministes, en conduisant à l’américanisation puritaine de la société et des ascenseurs, nous amèneraient toutes et tous à bientôt devoir signer des contrats avant d’avoir des relations – généralement avant de regretter une judiciarisation de la même société et des relations intersubjectives. Le reproche est, pour ce qui est des supposés contrats sexuels, parfaitement infondé: de tels documents auraient, au contraire, pour effet d’empêcher les femmes (et n’importe qui d’autre) de se rétracter en cas de changement d’envie, de scénarios ou d’attitude de l’un ou de l’autre – c’est d’ailleurs toujours une idée d’homme, ou de femme voulant protéger leurs fils.

La crainte d’une contractualisation du monde et des relations, notamment amoureuses, accompagne un nouvel âge du capitalisme, fondé sur une marchandisation de nouveaux pans du vivant – je pense, entre autres choses, à l’appropriation marchande des espèces et des génomes par le dépôt massif de brevets. Ce rapprochement est cependant rarement fait, et il est des plus illégitimes: votre petite amie n’a que peu de chances de bénéficier de la puissance économique ou de l’armée d’avocats de Monsanto. Lire la suite

On se lève.

La récente sortie d’Adèle Haenel a été considérée comme un choc, une image iconique, tour à tour célébrée et vilipendée, commentée comme critiquée, de tribune en commentaire. « On se lève et on se barre », a proclamé Virginie Despentes, et la discussion finit par porter sur la parité et l’occupation des espaces sexistes (c’est-à-dire: le monde), ou d’une non-mixité salvatrice rassurante (les safe spaces, l’entreprenariat au féminin, peut-être finalement la création de nouveaux marchés concurrentiels). Lire la suite