Ça partait parfois fort. Des portes claquaient, on déménageait en pleine nuit, d’autres fois c’étaient des éclats de fenêtre. C’était la débrouille à bouts de chandelle et à tirer sur la corde tant que possible – fallait tenir, en attendant la suite, sans savoir ce qui viendrait, ni même si ça serait mieux. Elle tenait sur un souffle, elles manquaient d’air, la chaleur leur cognait le crâne, et les dehors semblaient plus hostiles, même quand il ne s’agissait que de torpeur. Alors, sans trop de surprise, elles s’engueulaient, pour un rien, pour s’entendre, par effroi et parce qu’elles vivaient une vie insupportable, en trimballant encore les casseroles de leurs vies d’avant. Elles s’organisaient mieux ensemble, mais elles manquaient d’espace, de perspective, même de vacances ou de quoi goûter, un petit peu, juste le goût de l’ailleurs.
Certaines se barraient. Un temps, plus longtemps, pour toujours. Ça restait toujours un peu crade, de travailler tant pour presque rien, et dur la promiscuité et les gamines qui racontaient des vies qu’elles auraient préféré oublier. Iris parfois ne disait plus rien, et prenait parfois le temps de pleurer, en silence, avant de s’endormir. C’était pas qu’elle aurait pas voulu tout péter: mais les mômes, et Joséphine, fallait qu’elle s’en occupe.