Son propre moteur.

L’idée lui plaisait. Elle se sentait être son propre moteur: c’était pour cela qu’elle marchait. Elle avait appris à faire du vélo, plutôt agilement, en d’autres temps. Ça ne lui avait pourtant jamais plu comme la marche.

C’était l’autonomie qu’elle en aimait. Il ne faut rien pour marcher, à peine plus que le quotidien d’habillement, à peu près comme on peut s’équiper pour une flânerie anticipée. Elle courait seulement après le bus, à l’époque où il en passait encore; ça ne lui serait plus venu à l’idée de se dépêcher pour quoi que ce soit, ni qu’il arrivait de devoir être à l’heure. Alors elle marchait, comme ça lui venait.

Joséphine aimait l’effort qui lui tendait et lui dépliait le corps, au fur et à mesure de ses enjambées. Elle prêtait peu d’attention à la chaleur: c’était comme si elle n’avait pas remarqué la hausse des températures, ou compris qu’il aurait fallu qu’elles n’en préoccupe. Elle marchait pour le plaisir de sentir son corps bouger, et parce qu’elle restait à l’affût de tout ce qui bougeait, avait une couleur étrange ou aurait pu faire du bruit. Sa curiosité la faisait trotter dans les rues, l’une après l’autre, sans autre souci que son pied devant l’autre.

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