L’impasse de Zoé.

C’était pas tout à fait l’arche de Noé, l’impasse ; elles s’amusaient plutôt à dire que c’était l’impasse de Zoé, du nom d’une des vieilles. On s’y sentait bien, presqu’en confort, malgré les pénuries, la chaleur et le danger dehors. Elles avaient de grandes citernes sur les toits, entre lesquelles les gamins aimaient se poursuivre, malgré les interdictions. Elles apprenaient toutes petites à s’occuper des plantations, grandes haies de tomates ou de courgettes, aux pieds enfermés – on conservait tout ce que l’on pouvait d’humidité, et les légumes se mangeaient petits, tout concentrés. Ça restait difficile la promiscuité, pas tout à fait comme si toute la troupe avait décollé pour un voyage spatial, en s’enfermant dans une toute petite capsule, mais resserrée sur elle comme si le monde possible s’était rétracté. Ça restait le job de toutes, d’ouvrir les portes et de déplacer les murs, pour que les possibles se repoussent, et que l’horizon s’éloigne.

L’impasse de Zoé, c’était plutôt comme un genre de gros bateau en navigation urbaine, avec sa vie et des moments de sortie. Pour les petits, c’était une vie en eaux troubles, à mi-chemin vers ailleurs, en partance d’une vie que tout le monde aurait vu oublier, et sans que personne sache si on arriverait quelque part à un moment.

Laisser un commentaire