L’impasse des femmes.

Ça se passait comme ça, avec les cahots de toute route. Iris avait perdu de vue Elya depuis longtemps. Joséphine avait pris une place imprévue, tant parce qu’il fallait lui courir après que pour l’étendue prise par l’inquiétude dans tout. Iris parfois se levait la nuit, comme ça, juste pour voir si la grand-mère dormait, ou Joséphine surgissait dans la chambre des deux amantes, qu’elles dorment ou non. C’était trop pour Elya, non pas pour les cris ou les larmes – juste, elle ne s’y trouvait plus. Quand elle avait proposé à Iris de la suivre jusqu’à la maison des femmes, elle avait espéré qu’elle la suive, qu’elles partent ensemble et se retrouvent, dans la jeunesse qui était encore la leur, et parce qu’elle se sentait volée par cette vieille qui avait déjà vécu plus qu’il ne leur restait probablement à elles deux réunies. Elle n’avait pourtant pas été surprise de se retrouver seule sur la route, le cœur lourd et le pas léger. Ça s’était décidé vite et dans la hâte du départ, avec la promesse de se réunir sans qu’aucune n’y croie, mais parce qu’elles n’étaient pas fâchées – c’étaient plutôt leurs vies qui se séparaient qu’elles qui se désaimaient. C’était un effacement, l’air de rien, comme on s’arrache les peaux autour des ongles en feignant de ne pas les voir, ni d’en être gênée, comme des séparations qu’on voit sans les dire, parce qu’il faut vivre plutôt que s’aimer.

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